Il y a des destinations dont on a entendu parler, certains y sont même déjà allés ! En revanche les touristes, voire les plongeurs, en partance pour ces pays-là se bousculent moins que pour les eaux chaudes de la mer rouge… et pourtant c’est bien là que nous sommes allés tremper nos palmes…
Les choses ne sont pas simples pour rendre visite aux eaux limpides du lac Baïkal : la demande de visa est déjà une épreuve ! Les quelques renseignements disponibles sur les conditions météorologiques indiquent une température extérieure proche de 30 degrés en dessous de zéro ! Il va falloir prévoir des vêtements chauds !!
Arrivés à Moscou, la neige autour de l’aéroport, le froid et l’écriture cyrillique nous confortent : nous sommes bien en Russie. Pour notre destination finale : Irkoutsk (prononcer Irkoutsk !) nous emprunterons un vol « Aéroflot » de cinq heures. Il arrive en milieu de journée et nous permet de visiter la ville. La rivière Angara, gelée en cette période de l’année, la traverse. D’une largeur de 580 mètres, c’est le déversoir du lac Baïkal situé à 66 km. C’est dimanche, la ville est en effervescence pour fêter la fin de l’hiver, le début du printemps….
Le lendemain, nous rejoignons notre base après quatre heures de route : l’île d’Olkhon.
L’inquiétude est perceptible sur chacun de nos visages : la glace va-t-elle tenir sous le poids des voitures ? Pas de crainte : 1,20 mètres de glace vive nous sépare de l’eau. La transparence permet, sur les bords du lac, de voir les cailloux du fond de l’eau… Nous arrivons à notre base dans l’après-midi pour nous installer dans une datcha traditionnelle, construite en rondins de bois.
Pour nos plongées, nous irons au bout de l’île vers le nord. Nous roulons à vive allure sur la glace et longeons la côte… Nous voyons sans mal les deux berges du lac Baïkal, pourtant elles sont espacées d’environ 40 km : l’atmosphère est parfaitement pure ! La technique est simple : le guide tire sous l’eau une corde, contenue dans un gros bobineau en surface, arrimée à un pieu dans la glace et surveillée par le second guide. Nous serons attachés par une longe à cette corde… Dans l’eau le spectacle est à la mesure de nos espérances. La glace est transparente par endroits, concrétionnée à d’autres…elle n’est pas régulière et d’énormes blocs sont passés sous d’autres et forment des galeries…Nous ne sommes pas loin du bord et les cailloux, recouverts d’une espèce endémique d’éponge verte, rejoignent la glace : le spectacle est magique. De plus, l’eau est parfaitement cristalline. En apparence tout est calme... mais en cette période de l'année les écarts de température entre l'eau, l'air et la glace contribuent à transformer l'étendue glacée en un immense jeu de plaques qui tantôt avancent les unes sur ou sous les autres, tantôt se brisent. Sous l'eau, le bruit de ces craquements est vraiment très angoissant. Le milieu est plus hostile encore que ce que nous pensions : nos détendeurs givrent les uns après les autres et seront réglés pour le lendemain. A la sortie de l’eau, notre matériel gèle instantanément, il faut jeter de l’eau chaude pour le décoller de l’étendue gelée.
Nous cherchons un autre site qui permette d’évoluer au milieu de grosses concrétions. Au milieu de la petite mer, entre l’île d’Olkhon et la côte ouest, des blocs de glace tranchent avec l’horizontalité du lac : une faille traverse le lac depuis l’île. Le soleil brille, nous nous installons pour la journée à cet endroit. Il faut environ une heure pour creuser un trou. Une technique bien rodée et aux rôles bien établis : tronçonneuse pour l’un et piques à glace pour les autres. Nous sommes impatients d’aller dessous… Le site est exceptionnel : un environnement solide nous entoure de toutes parts, comme s’il n’y avait pas d’eau et que nous progressions dans de la glace vive et transparente. Nous avançons de plus en plus loin, curieux de ce qu’il peut y avoir derrière ce bloc ou cette plaque…mais le guide nous rappelle d’un signe que nous venons de parcourir la totalité des 100 mètres de corde du bobineau… Il faut faire demi-tour.
Une facette de mon travail consiste à organiser avec l'aide de mon partenaire, l'agence de voyage Grand Nord Grand Large du Groupe Voyageurs du Monde, des voyages photo vers des destinations prestigieuses : Islande, Groenland, Norvège et Sibérie. Un stage d'une semaine donc pour appréhender la technique photo dans des conditions optimales !!
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